Les runes cryptées

Depuis que l’écriture existe, les Hommes ont voulu garder certaines inscriptions secrètes. Les runes n’y ont pas échappé ! L’expression « runes cryptées » recouvre plusieurs situations : anagrammes, messages codés et utilisation de symboles spécifiques.

Voyons tout cela ensemble.

Les messages « cachés »

À l’origine, le simple fait d’écrire était déjà un acte permettant de dissimuler un message. Les premiers moyens de cacher un message ou une partie de ce message peuvent sembler dérisoires aujourd’hui… mais il ne faut pas oublier que tout le monde ne savait pas lire.

Le mot « rune » des runes cryptées font ici références aux inscriptions runiques. Au programme : anagramme, boustrophédon, élision, et abréviation.

de l’ordre et du sens

La première technique est l’anagramme. On crée ainsi un mot ou une expression avec les runes du message que l’on souhaite cacher. C’est le cas du mot magique alu, transformé en lua, sur les fûts de flèches du IVe siècle retrouvées à Nydam (Jutland).

La deuxième technique consiste à écrire le texte à « l’envers », bien que les textes runiques pouvaient être écrits de gauche à droite, de droite à gauche ou en boustrophédon (une ligne dans un sens, la suivante dans l’autre sens). C’est le cas sur la pierre de Rimsø (Jutland, Xe siècle) où une partie du message doit être lue à l’envers. La fin du texte ikam tsrau mas iþua- (qui n’a aucun sens) doit être lu -auþi sam uarst maki, et signifie alors « la mort [d’une mère] est le pire pour un fils ».

on coupe court…

Chaque rune ayant un sens particulier, il est possible d’utiliser la rune, non pas pour le son, mais pour le sens qu’elle porte. Ainsi peut-on lire, sur la pierre de Steintoften (Blekinge, VIe ou VIIe siècle), l’inscription hAþuwolAfz gAf j. La dernière rune, Jera, translittérée j, signifie « (bonne) année ». Le message signifie donc « Haþuwulfar a donné des années prospères ».

Pierre de Steintoften
Pierre de Steintoften
image disponible à l’adresse : https://www.arild-hauge.com/arild-hauge/ble-rune-stentoften.jpg
issue du site : https://www.arild-hauge.com/skaane.htm

De façon similaire, on peut abréger un mot à son initiale. Ce sont surtout les mots les plus courants et facilement déduits du contexte. On trouve ainsi abrégés : Fehu, f, pour fahi (« j’ai peint ») ; ou Raido, r, pour le mot runar (« les runes »). Ainsi, on peut lire sur la bractéate de l’espace Sønderby l’inscription ek fakaR f, qu’il faut donc lire ek fakaR fahi, qui signifie « moi, Fak, j’ai peint ».

Une dernière méthode, employée sur une fibule trouvée à Etelhem (Gotland, Ve siècle), est l’élision, l’omission, des voyelles intérieures des mots. Ainsi l’inscription mk mrla wrta soit se lire mik merila worta qui signifie « Merila m’a fait ». Sur l’un des panneaux du coffret d’Auzon, le graveur a remplacé les voyelles par des symboles de son inventions.

Les ligatures

Les ligatures consistent en l’association de plusieurs runes entre elles. Elles peuvent permettre de dissimuler le sens d’un mot ou, au moins, à en rendre la lecture plus difficile.

Elles se rencontrent sous formes de runes liées au sein d’un mot, comme dans l’inscription de cette pierre située à Jaersberg en Suède. On y voit deux fois des runes (deux en l’occurrence) liées. D’abord ce sont les runes Hagalaz, h, et Ansuz, a, puis les runes Ansuz et Algiz, ici Z. Il semble assez évident que ces ligatures ont un caractère magique, mais elles créent un caractère « nouveau » inconnu aux personnes ne connaissant pas parfaitement les runes.

Pierre de Jaersberg
Pierre de Jaersberg
image disponible à l’adresse : https://www.christerhamp.se/runor/gamla/vr/vr1s.jpg
issue du site : https://www.christerhamp.se/runor/gamla/vr/vr1.html

Il existe aussi la possibilité d’assembler les runes sur les branches d’une croix… Sur une fibule trouvée à Soest (Allemagne, VIe siècle), on découvre le nom du graveur tracé sous forme de monogramme.

Dans ce qu’on appelle les samstavruner (une sorte de runes liées par la hampe), les tracés des runes prennent comme bases un trait principal, commun à toutes les runes. On trouve ces ligatures inscrite dans n’importe quel sens. Sur la pierre de Sønder Kirkeby (Sjælland, Xe siècle) on peut voir l’inscription þur uik(i) (r)unaR (« que þorr consacre ces runes », les runes mises entre parenthèse sont manquantes sur l’inscription, car la pierre semble avoir été retaillée et endommagée).


Dans le prochain article, nous découvrirons les différentes runes cryptées, dont il faut connaître la clé.

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5 réponses

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