Les Runes

L’origine exacte du mot rune est obscure, il semble que seules les langues germaniques et celtiques possèdent ce mot.

Dans les premières, la racine *rūno- signifie « secret, magie ». On trouve cette racine dans de nombreuses langues germaniques, anciennes : le vieux-norrois (rún – secret, murmure), le vieux saxon (rūna – secret, magie, murmure), le vieil anglais (rūn – secret, lettre, mystère), le vieux haut allemand (rūna – mystère, conseil, confidence, magie) et le gotique (rūna – secret) ; ou modernes, issues du vieux norrois : l’islandais (rūni), le suédois (runa) ou le danois (rune).

Dans les langues celtiques, la même racine (*rūno-) signifie « secret, mystère, incantation » dont le sens est repris en vieil irlandais (rún) ou en gallois (rhin). C’est surtout le sens de « secret » qui semble ressortir en moyen breton (rin – secret, sagesse), en gaulois (comrunos ou combrunos – confident, initié), en gallois (cyfrin – qui est dans le secret) ou encore en vieil irlandais (comrún – secret commun).

Toutefois, Arnaud et Anne-Laure d’Apremont (dans B.A.-BA des Runes – Paris : Pardès, 1998) font correspondre le mot rune utilisé en français à une racine latine signifiant « pointe de lance ». Cependant d’autres le font dériver d’une variation d’une racine indo-européenne signifiant « creuser » puisque les runes étaient gravées.

Il semble ainsi évident, bien qu’il existe un « alphabet » runique, qu’une écriture « runique » a vocation magique, et de fait secrète.

La mythologie

On attribue la découverte des runes, dans le Hávamál – poème mythologique de l’Edda poétique –, à Wotan/Óðinn – Odin – alors qu’il était, transpercé de sa propre lance, suspendu à Yggdrasil, l’Arbre-Monde, durant neuf jours et neuf nuits au terme desquels il acquit la connaissance des runes et de leurs secrets.

L’histoire

La pierre de Noleby

L’inscription runique trouvée sur une pierre à Noleby (trouvée en Suède au XIXe siècle, datée du Ve ou VIe siècle) définit les runes de « raginakudo » (qu’il faut comprendre comme « raginakundo ») et qui signifie « qui viennent des conseillers suprêmes » ( traduction trouvée dans le dictionnaire de Cleasby-Vigfusson), autrement dit les dieux.

Transcription

Traduction

Runo fahi raginakudo tojeka

Je peins les runes qui viennent des Dieux. Je prépare la sérénité (la joie de l’esprit).

unathou:suhuarah:susihe hwatin

Que le prince de la victoire (Óðinn) aiguise l’esprit.

hakutho

Hakutho (nom du graveur de runes).

Traces historiques

Les plus anciennes inscriptions runiques retrouvées, au Danemark, datent du IIe siècle (mais certaines pourraient être encore plus anciennes – la fibule de Meldorf, datée de la première moitié du Ier siècle, présente ainsi des caractères qui pourraient être des runes). Elles sont attestées chez les Germains nordiques au IVe siècle et au VIe siècle chez les autres Germains, y compris les Anglo-Saxons.

L’usage des runes a perduré jusqu’au XIVe siècle, et même jusqu’au XIXe siècle en Suède ; après un apogée entre le IXe et le XIe siècle. C’est principalement pour de courtes inscriptions, souvent à caractère magique que l’on a utilisé l’écriture runique. Ces inscriptions se retrouvent sur des poinçons, des anneaux, des armes, des pierres et des bâtons. On les utilisa également pour la divination. L’Église les utilisa même pour des inscriptions, mais tardivement et avec parcimonie. Il est toutefois à noter que, au XVIIe siècle en Islande, la possession de runes était passible de mort.

Parenté

Les runes ont servi à transcrire les dialectes germaniques. Certaines runes montreront une parenté évidente avec l’alphabet grec – archaïque – mais aussi avec les alphabets italiques –  langues parlées dans la région qui deviendra l’Italie –, notamment l’étrusque et le rhétique – langue, aujourd’hui éteintes, parlée par les Rhètes, peuple alpin qui vivait dans l’actuelle Italie nord orientale, l’ouest de l’Autriche, la Suisse orientale et l’Allemagne méridionale – ou ibériques ; même on ne peut historiquement attester d’aucune de ces parentés.

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